À marées latentes
Duo de Geneviève Dagenais et Alice Zerini - Le Reste
Photo Guy L'Heureux
Vue d'exposition Galerie Cache
Texte d'Eric Carlos Bertrand
Cloîtrée dans son appartement, Geneviève attend la guérison. Elle s’inspire des anciens l’accote-pots* et fabrique deux Cale-corps. Le premier est destiné au soutien de son propre genou, l’autre est pour le bras meurtri de son amie Rosalie Gamache. Elle conçoit également un cale-ciel pour l’horizon désoeuvré, en prélevant les lignes dessinées par les rideaux qui l’encadrent. La caresse givrée des émaux qui se condense sur la surface des objets en céramique semble souligner le caractère mystérieux du soutien qu’ils procurent.
Pendant ce temps, Alice voyage le Saint-Laurent. Ses pièces se souviennent de la nef qui l’a porté sur les flots de Montréal à la Côte-Nord, en passant par les Îles-de-la-Madeleine, le bas du fleuve et la Gaspésie. Tout au long de ses périples, elle a fouillé les fonds marins et les fonds d’archives, explorant l’histoire, le quotidien, les coutumes et autres rumeurs rumeurs du fleuve, extrayant les argiles et les coquillages qui lui serviront d’émail. Ce sont d’authentiques chroniques imaginaires qu’elle modèle afin de faire surgir vers nous les profondeurs du fleuve familier. Il vous en paraîtra d’autant plus fabuleux.
L’aventure des deux artistes vient aboutir dans l’espace de la galerie sous l’attraction mutuelle et toute naturelle de ces deux univers complémentaires. Aussi ne faut-il pas se surprendre que Geneviève et Alice aient comploté à notre insu bien avant que nous leur proposions cette collaboration.
*l’accote-pot est un ustensile qui servait à caler le pot lors de la cuisson, empêchant que celui-ci ne déverse son contenu dans l’âtre.